(Texte librement traduit du livre "Hanguk munhwa sok eui Shinche munhwa" (한국문화 속의 신체문화, La culture du corps au sein de la culture coréenne) de KIM I-Su)
Tous les termes comme "Gihap" (기합, 氣合), Gihapsul (기합술, 氣合術), Gigong (기공, 氣功) ou Hapgi (합기, 合氣) se réfèrent aux manières d'utiliser le Gi (기, 氣) dans les Muye, entre autres. La trace la plus récente de ce terme se retrouve en 1947 dans le "Grand Dictionnaire" de l'Association de l'Enseignement du Hangeul sous le teme de Gihapsul. Dans la culture martiale coréenne, l'entraînement physique (Sushin, 수신, 修身), la maîtrise du mental (Chishim, 치심, 治心) et le travail de la respiration (Sumgongbu, 숨공부) permettent la construction du corps-esprit (Momdakkdal, 몸닦달) afin, entre autres bénéfices attendus, d'émettre la force profonde (ou interne) qui est un avantage majeur dans la recherche de l'efficacité martiale. Autrement dit, "Emettre sa vitalité" (Balsaeng Wongi, 발생원기, 發生元氣) s'appuie sur une relation forte entre mon mental (Maeum, 마음), ma physiologie (Saengri, 생리, 生里) et ma posture (Jase, 자세, 姿勢).
Au niveau du ressenti, c'est comme si on revenait à la vie avec le son "A" (아). Le matin, par exemple, en se réveillant, le corps retrouve son énergie lorsqu'on s'étire et en expirant un "A". Ainsi, le son "A" est dit créateur ou vivifiant (Saeng, 생, 生), et à l'opposé, le son "UM" (움) est celui qu'on utilise quand on arrive en fin d'expiration. Ces deux sons sont ceux utilisés basiquement dans les Muye. Entre ces deux sons, le son "U" (우) est comme le plateau conservant la vitalité à son plus haut. Le Bouddha Shakyamuni disait que ces deux sons représentent la naissance et la mort, et les unissent (Saengsa ilyeojeok, 생사일여적, 生死一如的).
Dans les Muye, il existe différentes formes et techniques pour développer le Gihap selon les écoles. En Geomdo, on utilise principalement les sons "YA" (야) et "DO" (도), "Ya" en début de mouvement, "Do" en fin de mouvement. La place du Gihap dans les entraînements de Geomdo est prépondérante. En particulier, les pratiquants avancés perçoivent très clairement la nécessité du Gihap dans chaque mouvement. Le Gihap a d'autres phonations, tels ceux du Taekgyeon dont les sonorités principales sont "IKEU" (이크) et "EKEU" (에크).
Dans le Hapgido en particulier, où la notion de Gihap est fondatrice comparativement aux autres Muye, il est nécessaire de la comprendre pleinement. Le Gihap est important durant l'entraînement, pas pour l'utilisation des cordes vocales (sons), mais pour l'utilisation du Danjeon et du Gi. D'après CHOE Yong-Sul, TAKEDA Sokaku avait ainsi un Gihap extrêmement fort. Il insistait sur le fait qu'il fallait renforcer le Gi, l'Esprit et le Corps (Gishimche, 기심체, 氣心體). Cependant, il n'a pas donné d'indication pratique sur le lien entre Gishimche et Gihap. En Hapgido, on trouve sept types de Gihap : "EIT" (에잇), "YA" (야), "MEODIT" (머딧), "PAE" (패), "SSWAE" (쐐), "RA" (라) et "DO" (도), les deux premiers étant les plus usités. Mais il ne faut pas oublier que ce n'est pas le son qui est important dans le Gihap, mais la nature de Gishimche, particulière à un mouvement, qui a généré ce son. La Daehan Hapgido Hyeophoe, dans le livre "Hapgido Sabeom Yeonsu Gyobon" écrit en 1987, définit le Gihap comme : "la force issue de l'union du corps et de l'esprit (Shimshin tongil, 심신통일, 心身統一) qui s'adapte naturellement aux mouvements et déplacements, sans émettre plus de bruit (son) que nécessaire".