Hapgi Tashinsul

David CONSTANT Par Le 08/06/2015 0

Dans Muye log

Choe frappeUne frappe du professeur CHOE Yong-Sul

 

Parmi les écrits qui nous sont parvenus au sujet du Subak (手搏, chin.= Shoubo, jap.= Shûhaku), la partie du combat à mains nues des guerriers coréens du XIIème siècle, une maxime, « 打踢拿摔 » (Tacheok Nasol), nous décrit les quatre parties d’importance égale le composant : les frappes des mains (, , Ta), les frappes des pieds (, , Cheok), les saisies (, , Na) et les projections (, , Sol). A son instar, toutes les écoles martiales, y compris le Daitôryû (1) et ses descendants, incluent ces quatre éléments dans leur répertoire, ce qui ne veut pas pour autant dire qu’elles les pratiquent de manière identique. En effet, on trouve des différences prononcées tant dans les combinaisons (plus ou moins de frappes, plus ou moins de projections, …), dans les qualités recherchées (souple, dur, long, court, …), que dans les finalités recherchées (civiles, militaires, …). Ainsi, bien qu’il puisse sembler que la méthode de frappe (当身術, 타신술, Tashinsul) d’une école est identique à celui d’une autre, il n’en est souvent rien. Puisque nous sommes entre amateurs, la question qui nous intéresse est alors la suivante : les frappes des écoles Aiki ont-ils leur identité et, si oui, qu’est-ce qui les distinguent de ceux des autres arts martiaux ? Avec comme question subsidiaire, les frappes du Hapgido moderne sont-ils toujours Hapgi ?

 

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Une frappe peut en cacher une autre !

 

Quand on souhaite définir l’identité, les caractères fondamentaux, les caractéristiques de son école, il est plus pertinent de le faire en comparant avec ceux des autres écoles. Les critères différenciant étant par contre trop nombreux pour être détaillés dans cet article, je n’en décrirai que deux, en ce qu’ils permettront de comprendre les autres critères typiques des écoles Aiki (Hapgi) que je détaillerai plus loin. Ces deux critères sont l’orientation de l’école et les 8 types de frappes.

Il y a principalement 3 orientations concernant les écoles martiales : « civile », « policière », « militaire ».

1. Pour les « civils » (Do, sports, self défense),  les frappes sont soumises au cadre légal de la Légitime Défense (LD) et ne sont généralement pas létales, ni même trop blessantes. Elles sont « mouchetées » de manière à préserver autrui autant que possible, mais pas exemptes de laisser des marques, et sont orientées boxe (enchainement de frappes).

2. Pour les « policiers » (police, gardes du corps, portiers de boîte), leur but est l’arrestation ou la protection de tiers. Bien que toujours contraints par la LD, leurs frappes sont plutôt destinées à diminuer la résistance aux techniques de préhension (immobilisation, menottage) ou à se défendre contre des attaques à mains armées. Elles doivent être le moins marquant possible, notamment au niveau du visage de l'adversaire.

3. Pour les « militaires », la létalité est recherchée et la LD ne s’applique pas. S’appuyant principalement sur ses armes, les frappes sont d’abord un moyen de reprendre l’initiative pour s’en saisir d’une aussitôt que possible, le combat à mains nues étant la dernière option. Elles sont toutes dirigées de manière agressive vers les points vitaux ou très incapacitants de leur adversaire.

On le sent bien ici, entre une frappe destinée à mettre KO, une pour amener à la lutte ou une pour tuer, les objectifs et les contraintes impliquent qu’ils sont d’une nature substantiellement différente tant aux niveaux physique, technique et tactique, qu’au niveau mental.

Dans un autre registre, pour un même mouvement de bras (un direct par exemple), on distingue 8 types d’intention, intention qui changera la nature physique de la frappe, i.e. la qualité du mouvement et « l’arme » symbolique.

1. Percuter (Chigi, 치기) : on frappe comme on taperait sur un tambour, ce qui génèrera la diffusion d’une onde de choc autour du point d’impact. L’image de l’arme est le maillet.

2. Couper (Jareugi, 자르기) : la frappe a pour but de taillader peau, muscles et tendons ; mais aussi de faire saigner. L’arme est donc le sabre.

3. Pousser (Milgi, 밀기) : le mouvement a pour but de repousser l’adversaire, pas nécessairement en infligeant de la douleur. L’arme qui serait adaptée serait un Sasumata (刺又), arme japonaise utilisée pour maintenir à distance un adversaire dans le cadre de son arrestation.

4. Percer (Ssusigi, 쑤시기) : l’intention est ici de traverser la cible de part en part. La lance est l’arme symbolique utilisée.

5. Casser (Kkaegi, 깨기): il s’agit de briser une partie dure (osseuse) ou une articulation de l’adversaire dans un mouvement explosif et écrasant. C’est l’effet produit par un marteau ou une masse.

6. Saisir (Japgi, 잡기) : le mouvement se termine par une saisie ou une immobilisation de l’adversaire. L’intention serait de la forme d’un Manriki Kusari (万力鎖), une chaine lestée à chaque extrémité, arme japonaise de capture par excellence.

7. Piquer (Ssogi, 쏘기) : il s’agit d’atteindre des parties douloureuses, très fines et précisément localisées sur le corps humain (Geupso, 급소, 急所). L’arme est l’aiguille.

8. Fouetter (Hwidureugi, 휘두르기) : c’est un mouvement vif (autant à l’aller qu’au retour), superficiel mais cinglant, telle une gifle ou une touche dans la zone des yeux. Le symbole est forcément le fouet.

 

 

Qu’est-ce qu’une frappe Hapgi ?

 

Quelle que soit l’école Aiki, ses frappes de base proviennent de leur racine commune, l’école Daitôryû. Celle-ci, issue d’une grande famille militaire (Buke, 武家), porte en elle une essence guerrière. Mais pas seulement : ses techniques comportait un volet propre à l’arrestation « sans effusion de sang » applicable au sein d’un palais aux protocoles stricts (Ôshikiuchi, 御式内). C’est cette double orientation, surmontée du principe Aiki, qui donne le cadre des frappes du Daitôryû, autrement appelé Aiki Kempô (合気拳法, cor.= Hapgi gwonbeop, 합기 권법).

 

Principes d’une frappe Hapgi

Les principaux objectifs des frappes Hapgi sont les mêmes que ceux que j’avais décrits dans l’article traitant de l’Ilchehwa. Bien que le temps de contact soit court, ils doivent, de manière identique, réduire à néant la dangerosité de l’adversaire, ce dès les premiers instants de son attaque, en bloquant ses déplacements et en restreignant sa puissance de frappe. Le maitre mot est alors « incapacitation », autrement dit ôter toute sa dangerosité à l’adversaire.

 

1. Déséquilibrer : une bonne frappe doit pouvoir mettre ou maintenir un adversaire en déséquilibre. Celui-ci se décline en 6 directions (Yukbang, 육방, 六方) : pousser vers son arrière (mettre l’adversaire sur ses talons), tirer vers son avant (le mettre sur la pointe de ses pieds), affaisser (créer un vide), relever vers le haut (mettre sur la pointe des pieds), pousser vers sa gauche (sur le tranchant du pied gauche, jambe droite en l’air) ou vers sa droite (sur le tranchant du pied droit, jambe gauche en l’air). Dans le cadre d’une attaque par un adversaire en mouvement, la frappe peut avoir un effet accompagnateur, accentuer le déséquilibre induit par le mouvement et déséquilibrer l’adversaire (Him giulligi, 힘 기울리기)

2. Déstructurer : il s’agit au moyen d’une frappe de briser les lignes de force de l’adversaire pour retirer toute puissance à ses actions ou pour l’empêcher d’enchaîner avec d’autres attaques. La ligne la plus classique est sa verticalité, de ses talons au haut de son crâne. Les 3 axes de déstructuration sont les axes haut-bas, droite-gauche et avant-arrière.

3. Endolorir : le troisième effet est de procurer de la douleur en atteignant des points douloureux. Cela appelle aussi bien une réponse physique (comme une déstructuration, une ouverture de garde, un relâchement ou une contraction musculaire) que mentale (détournement d’attention, briser sa concentration). Il ne s’agit pas nécessairement de blesser l’adversaire, mais cela reste une possibilité ouverte.

4. Saisir: dans son histoire officielle, le Daitôryû descendant du Tegoi (手乞), lui-même ascendant du Sûmô, les techniques de préhension sont naturellement prépondérante. La frappe se doit donc d’offrir une opportunité de saisie, que ce soit avec la même main, dans le prolongement de la frappe, ou avec l’autre main, son action étant masquée par l’action de la première. Elle est alors plus un outil préparatoire, un leurre que la finalité.

 

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Jase (자세, 姿勢), la posture correcte

 

Ces choix de principes induisent une forme corporelle adaptée, le Hapgibeop (합기법, 合気法).

En effet, pour obtenir une frappe qui puisse imprimer un mouvement de déséquilibre à l’adversaire, sans que je me retrouve repoussé par ma propre frappe (!), cela implique d’avoir une structure solide, des pieds jusqu’à la main (ou jusqu’à l’autre pied, dans une technique de coup de pied). Tous les segments du corps entre ces deux points, ainsi que toutes les articulations, doivent être équitablement rempli de Gi (기, 気), avec une attention particulière au centre du corps (Hadan Danjeon, 하단 단전, 下段丹田). La verticalité est principalement recherchée (redressement de la colonne vertébrale) et une mise en parallèle de l’axe des épaules et de l’axe des hanches.

Les deux pieds sont souvent à terre, enracinés, donnant une certaine lourdeur au mouvement (Mom muge, 몸 무게). Ceux-ci sont pratiquement sur la ligne, ligne dirigée vers l’adversaire, comme celle des hanches et des épaules, telle une position adoptée par un lancier. Ceci offre une structure corporelle idéale pour une poussée.

La ligne de force passe du pied arrière à la main avant. Ainsi, pour une attaque directe de la main droite, c’est le pied gauche qui pousse sur le sol et transmet le « Gi de la terre » jusqu’à la main d’attaque dans une quasi ligne droite. La main opposée (gauche) dans notre exemple est de tirer en sens inverse du mouvement pour un meilleur alignement des épaules et pour retirer de la tension dans le bras droit.

Pour ceux à qui cela parle mieux, les frappes Hapgi sont l’exact reflet du travail aux armes (sabre et lance en particulier), ce qui explique les gardes de profil ou de 3/4 (ainsi que les différentes positions de main, typiques de gardes de sabre ou de lance), la marche de type Namba et les frappes données quasi exclusivement par la main avant (Jeonsu, 정수, 前手), les frappes en main opposée (Yeoksu, 역수, 逆手) étant reléguées au rôle de leurre qui masque le vrai travail de la main avant.

Enfin, cette « lourdeur » de frappe se traduit par un expire sensiblement plus long que celui d’un boxeur occidental. Le cri (Balseong, 발성, 発声) utilisé pendant la frappe est ainsi plus souvent un « Ya » qu’un « Ei ».

A noter que n’étant pas une école de combat de rue civile, il n’y a pas de travail d’endurcissement physique. « Encaisser » ne fait pas partie des options, l’adversaire étant considéré comme étant armé. Dans le même esprit, au niveau des attaques, il n’y a pas de travail d’endurcissement des poings, l’intention de « casser » n’étant pas prioritaire dans la tactique de l’école.

 

Modes de délivrance

La frappe Hapgi est donc plutôt « douce-dure », c’est-à-dire qu'elle n’est pas un « jeu de touche-touche » avec des frappes légères, ni une frappe si lourde que le bras d’attaque s’en trouve raidi. Cependant, elle peut être aussi délivrée de manière aussi douce qu’une caresse dans un but de détournement d’attention simple. L’important est que chaque frappe soit générée, non par un mouvement musculaire superficiel, mais par une mobilisation des muscles profonds (Balgyeong, 발경, 発勁).

En terme d’initiative, les frappes pourraient être exécutées évidemment à chaque phase (Seonseon eui seon, Seon eui seon et Hu eui seon). Cependant, comme précisé plus haut, s’il est à l’initiative de l’attaque, un guerrier utilisera de préférence ses armes. Ce qui fait qu’une frappe (comme toute défense à mains nues en fait) sera utilisée en état de défense, donc plutôt en Hu eui seon. Il peut donc être utilisé en entrée de technique pour stopper l’attaque adverse ; en cours de technique pour en faciliter son exécution (« attendrir la viande ») et pour conserver l’axe central, le moyeu, de l’Ilchehwa ; et en fin de technique pour « éliminer » l’adversaire. Cette dernière phase est symbolique dans le sens où, en mode guerrier, on utilisera alors une arme pour tuer l’adversaire et, en mode arrestation, on immobilisera l’adversaire au moyen de ligatures. 

L’intention de type « une attaque, un mort » (Ilgyeok Pilsal, 일격 필살, 一撃必殺) peut se retrouver dans les frappes Hapgi, mais ce n’est pas celle empruntée le plus souvent. S’agissant d’un outil préparatoire, ses frappes doivent permettre soit de reprendre de la distance pour se saisir d’une arme (sabre, ou dans les versions modernes, dégainer un pistolet ; atavisme militaire) ou de se mettre à distance de saisie-lutte (Na & Sol du début d’article ; atavisme de la lutte Tegoi). Il y a donc rarement enchaînement de frappes comme en boxe.

Aussi, en terme de puissance, pourrons-nous avoir des frappes données à pleine puissance et à pleine vitesse, comme dans toutes écoles martiales. Mais nous pourrons aussi en voir données à vitesse réduite afin qu’ils soient perçus par l’adversaire et qu’ils génèrent chez lui une réaction d’esquive ou de blocage. Ces Atemi dont alors des menaces faites pour induire déséquilibre et/ou déstructuration, et opportunité de saisie.

 

Armes, angles et cibles

 

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Le triptyque armes, angles, cibles

 

Les frappes Hapgi peuvent être délivrées via différentes armes corporelles. Il y a par contre une certaine prédilection pour le travail main ouverte. Tout d’abord, c’est parce que la main (comprise au sens large, à savoir du bout des doigts jusqu’au coude, Sudo, 수도, 手刀) devient alors un substitut au sabre, arme à laquelle les Bushi (武士, guerriers féodaux japonais) étaient formés de base. Ensuite, ouverte, elle permet soit de venir saisir une arme, ou de venir saisir un membre de l’adversaire, dans un simple mouvement naturel de fermeture. Mais on trouve aussi des formes de poing particulières, simulant la préhension d’un objet (couteau, parapluie) mais avec le plus souvent une ou plusieurs phalanges sorties.

Les angles d’attaque s’inspirent aussi de la pratique des armes, principalement les coupes dans les huit directions (Palbang jareugi, 팔방 자르기, 八方切). Ces angles simples sont les axes descendant, descendant en diagonal à droite, descendant en diagonal à gauche, horizontal à droite, horizontal à gauche, remontant en diagonal à droite, remontant en diagonal à gauche et le direct.

Quant aux cibles, elles présentent une importante variété selon leur but : des cibles non douloureuses mais agissant sur l’équilibre et/ou la structure ; des cibles incapacitantes ou douloureuses (Jeomhyeol, 점혈, 点穴) ; mais aussi les articulations (Gwanjeol, 관절, 関節) dans le but de les briser.

 

 

Hapkido : des frappes sous influence(s)

 

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Taekgyeon : le premier apport coréen

 

Lors de son arrivée en Corée, le Hapgido, qui ne s’appelait pas encore ainsi, était un pur Jûjutsu (柔術, autrement lu : Yawara) japonais et enseigné comme tel. Les quelques photographies du professeur CHOE qui nous sont parvenues des années d’après Seconde Guerre Mondiale me semblent en attester. Notamment, concernant les frappes, celles-ci ressemblent en tous points aux critères que j’ai décrits plus haut. Les coups de pieds étaient limités (à peine 10 enseignés de base).

Il faudra attendre la fin des années 50 pour qu’une première fusion voie le jour sous la direction du professeur JI Hanjae. L’apport du Taekgyeon apporta peu de modifications en terme de structure corporelle. Les pas se sont par contre faits plus légers et les frappes ont alors intégré une dimension boxe. Le curseur qui, auparavant, faisait la part belle aux saisies et projections, s’en est trouvé plus équilibré avec la partie frappes et coups de pieds qui voient leur nombre augmenter drastiquement. Je vous renvoie à l’article précédent pour plus de détails concernant le Taekgyeon et ses apports au Hapgido.

Le troisième temps se situe dans les années 70, avec des éléments issus du Taegwondo dans certaines écoles tenues par des professeurs au double cursus. Les positions s’abaissent avec l’apparition de fentes larges. Mais surtout ce sont l’importance accordée au poing « normal » (Jeonggwon, 정권, 正拳), habituellement très peu utilisé dans les écoles Aiki. On voit aussi les frappes avec le bras situé en contre-hanche (Yeoksu, 역수, 逆手) utilisé en combinaison avec les frappes portées par la main avant (Jeonsu, 전수, 前手), ce qui a pour effet de mettre les épaules plus sur une ligne perpendiculaire avec la ligne des pieds, autrement dit présentant un torse plus de face à l’adversaire que les gardes issues de la pratique des armes. On voit aussi apparaître des blocages sur des frappes, là où il n’y avait quasiment que des absorptions-saisies avant cela. En termes tactiques, on peut assister dans certaines écoles à un glissement vers une pratique plus pieds-poings que saisies-projections, avec une intention « casser » plus axée sur les os et les organes que vers les articulations. L’intention de mettre l’adversaire hors d’état en un coup est aussi beaucoup plus mise en avant.

Enfin, dans les années 90, avec l’avènement des Kick Boxing, la boxe à l’occidentale va faire son entrée dans l’enseignement du Hapgido. La garde va monter jusqu’aux tempes, les jabs, uppercuts et autres low kicks de type Muay Thaï en combinaisons vont apparaître. Au niveau structurel, les changements seront plus nombreux : des esquives qui utilisent des rotations du buste (là où les écoles Aiki prônent une verticalité et un parallélisme épaules-hanches plutôt strictes), des mouvements de tête pour ne pas présenter de cible trop fixe, des attitudes plus sautillantes, … L’intention « Pousser » y est moins présente, car difficile à mettre en place avec une telle structure, et on peut se demander si ces écoles ont encore un lien avec le Hapgi.

Il est intéressant de noter qu’aucune de ces évolutions n’a pas fait disparaitre la précédente et que l’on peut trouver chacune d’entre elle encore enseignée en Corée. Étant une discipline vivante, le Hapgido continue de présenter de multiples aspects : bien qu’ayant conservé ses aspects utilitaires hérités du Daitôryû (puisque toujours enseigné dans les corps policiers et militaires), c’est son passage au monde civil qui a apporté le plus de modifications. Les différences entre Dôjô font qu’ainsi, on peut aussi bien se retrouver face à un cours qui ressemblera trait pour trait à un cours d’Aiki Jûjutsu japonais que face à un cours qui ressemblera à du Mixed Martial Arts (MMA).

 

 

Une conclusion

 

Les frappes sont une part importante de l’enseignement Hapgi. Mais, de la manière dont je les comprends, ceux-ci ne sont pas délivrés de n’importe quelle manière, ni à n’importe quel moment. Ces conditions leur donnent des caractéristiques identifiables entre tous. Si je devais faire une comparaison avec le sabre, ils sont plus comparables à du Baldosul (발도술, 抜刀術, les techniques de dégainé-coupes) qu’à du Geomsul (검술, 剣術, l’escrime). Tout se passe très vite et d’une manière très définitive, ce n’est pas comparable à une rencontre avec jaugeage, feintes et passes d’armes.

Quant au Hapgido, selon la forme que l’on verra, on y retrouvera l’esprit et la lettre des frappes Hapgi, ou des frappes aériennes du Taekgyeon, ou les frappes terriennes du Taegwondo ou encore celles de la boxe occidentale. Beaucoup de ces frappes ne répondent pas aux critères Hapgi, mais cohabitent avec elles. Elles répondent par contre à un besoin des civils qui, généralement désarmés et contraints par un Code Civil interdisant de mutiler et de tuer en dehors d’un cadre très défini, nécessitent d’autres options pour se défendre en cas d’agression.

Cette variété de frappes offerte par le Hapgido peut être vue comme une certaine schizophrénie  ou comme un défaut de fusion. Je pense préférable de la voir comme autant de choix d’effets mis à disposition (du moins dommageable au plus définitif) pour les pratiquants selon la situation qui se présentera à eux.

 

Article2

« Percuter » et déstructurer

 

Article1

« Casser » et limiter la mobilité de l’adversaire

 

Article3

« Percer » et déséquilibrer vers l’arrière

 

Notes

  1. Bien que j’utilise quelques fois les terme Daitôryû et Aiki Kempô dans cet article, il s’agit de ma compréhension de la version « originelle » du Hapgido (Daedongryu Yawara), acquise au travers des enseignements reçus (Hapgiyusul et Hapgi Yugwonsul) et des lectures d’ouvrages coréens, plus proches de l’enseignement du professeur CHOE Yong-Sul, élève revendiqué de TAKEDA Sokaku, que le Hapgido moderne. Il ne s’agit donc pas du Daitôryû japonais en lui-même que je n’ai connu qu’au travers de stages et de lectures, mais de sa version péninsulaire des années 50, en tous points censément identiques, selon le professeur CHOE.

  2. Merci beaucoup à mon professeur Jérôme DUSSOTTIER, enseignant le Hapgido au Cercle Tissier, ainsi qu’à mes partenaires François VALMONT et Dung LE, pour les photographies illustrant cet article.

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