(article originalement paru dans le magazine Dragon Hors Série Aikidô de juillet 2014. Il a été légèrement modifié, notamment par l'utilisation exclusive de termes coréens)
Le combat recouvre beaucoup d’aspects très différents mais, lorsqu’on essaye de le décrire de l’intérieur, il est volontiers qualifié par des termes tels que « chaos », « choc », « surprise », « incertitude », « peur » ou encore « sentiment de survie ». Afin de mieux s’y préparer, il convient de privilégier les entraînements avec un partenaire (voire plus), seuls à même de créer une représentation du combat avec, au moins de manière partielle, un environnement incertain.
L’entraînement en solitaire n’est donc qu’un pis-aller quand on n’a personne sous la main car il est quasiment une antithèse du travail avec un partenaire. Au contraire, il s’agit d’une activité maitrisée, au moment et au rythme décidés à l’avance et au résultat souhaité, sans pression liée à notre « survie ». Cependant, attendu que l’on doit s’entrainer le plus souvent possible pour progresser, l’entraînement seul ne doit pas être négligé, d’autant plus que ses bénéfices dépassent souvent le cadre du seul combat (notamment en termes de santé et de longévité).
Pour qualifier ce travail permanent à effectuer seul, les Coréens utilisaient parfois le terme de « Polissage de Mille Jours » (Cheonil Suryeon, 천일 수련, 千日修鍊) ou encore celui de « Perfectionnement au Combat de Mille Jours » (Cheonil Mugong, 천일 무공, 千日武功). Equivalant à environ trois ans, ces mille jours représentent traditionnellement le temps nécessaire pour acquérir durablement une ou plusieurs qualités.
Décrire les exercices traditionnels ou modernes à accomplir seul prendrait tout un volume, ce qui ne peut être fait dans le cadre d’un seul article. Plutôt que de faire une liste à la Prévert, je vous en donnerai les grands principes en scindant ce travail en différents types de points de vue (Gwan,관, 観), selon l’objectif du moment que l’on cherche à atteindre, selon le degré de spécialisation ou de transversalité souhaité. Les deux points de vue principaux que j’utiliserai ici sont, pour l’un, le travail selon les cinq axes du combat (un découpage de type Ohaeng) et, pour l’autre, un travail selon les trois principaux axes du Hapgi (tels que définis dans l’article précédent : « Hapki, L’Aiki vu de Corée » paru dans le Dragon hors-série n°4).